Ce récit touchant de l’un des nôtres, ce qu’il réalisa et nous laissa avant de partir, un travail ignoré que nous avons parsemé au gré des contenus de ce lieu divers zé varié dédié aux Bô z'arts :
C’est un soir ronronnant, où les habitudes s’enchaînent nonchalamment, en triant de quoi peindre au mur et faire quelques décorations, de celles auxquelles on aime à y prendre nos aises et des réconforts, dans ce pays où je vis qui n’a plus
de guerres nid’envies…
Je disais au soir venu, en peignant une chaise obstinément avec du blanc, je m’insurgeais de ces bandes noires aux bords de mes vieux tableaux ; je trouvais cela laid maintenant et me suis mis à y mettre ce blanc satiné encore en pot…
Petite joie de l’insignifiance pour les autres, épatante trouvaille pour mes emportements, j’avais trouvé ce qui manquait là à mes panneaux de bois, la blancheur et ses débordements, sur la croûte devant, sur le vernis, une impression de pas fini…
Mes images surgissant à cet éclairage nouveau où le panneau les supportant est sans ces cadres laids. Alors, effaçons encore les bords, et puis réveillons mes vieilles croûtes du grenier, intérieurs troubles à peine achevés aussitôt reniés, ou ces paysages sans prétention de mon pays natal à l’allure légèrement vallonnée…
Je souris encore de mes tendresses naïves, quand je me sentis jadis, devenir ce « peintre éternellement » et qu’il aille fallut déclarer aux administrations cette activité outrancière, ou la montrer à des galeristes qui m’ont ri au nez, ce fut agaçant. J’y croyais pourtant à ma manière certainement, mais les mœurs du milieu par ici, sont décevantes… Alors, basta ! restons libres de tous ces tracas…
Oui ce fut une illumination rigolarde pour des travaux à la prétention à peine dévoilée. J’ai partagé avec les mouches, cette joie simple d’une trouvaille esthétique que certains diront pathétique ; mais qu’importe, la solitude est mon lot et avec le temps je la porte sans accaparement, en ces temps de maigre subsistance où les richesses vous raillent à la téloche, avec des images et des fards à la tristesse bien moche…
Vous pouvez rire tout doux à ces petits bonheurs ; rares instants sublimes qui font oublier toutes les noirceurs du dedans de nous et des dehors aussi.
Contemplez donc sur les murs, les boniments z’artistiques ainsi disposés, où l’éclairage douceâtre et chaud provoque en moi un contentement tellement banal, tellement reposant, comme un apaisement mortel qui vous enlève et vous parsème au-dehors…
Ici, là ou ailleurs, le 17 janvier 2012