- forêt -

230518-1937 – Durée : 10’33

L’idée d’un jardin botanique, d’un jardin de survie, où l’on réunirait toutes les plantes locales et celles qui viennent du Sud et qui s’adaptent. Un jardin de survie aussi, afin de ne pas perdre le savoir des plantes qui vous entourent depuis des millénaires, et qui nous permettent de subsister, celles qui sont tout autour de nous…
(chant de l’oiseau, comme une dictée insinuée par lui…)
… celles dont nous nous nourrissons, nous nourrissons, nous nous soignons… celles qui nous accompagne égaient le terrain, le forge, le nourrit, nourrit les insectes et les rongeurs, tous les êtres autour de nous, un jardin de survie, pour tous les vivants, à côté de cultures intensives, comme une lutte, une résistance face à la bêtise de ceux qui obéissent à ces industries financières, qui accapare les sols par l’intermédiaire de pauvres paysans, complètement emprisonnés par cette idée de culture qui n’a plu aucun sens aujourd’hui, qui va dépérir, fait déjà périr milliers d’oiseaux, d’insectes…
Un jardin de survie, pour récupérer, pour initier une idée, et peut-être, si elle fait florès, si elle s’avère efficace, la reproduire ailleurs, partout où cela se peut…
(stridulations du grillon)
… où cela s’avérerait utile ; survivre de cette manière-là !
Ceci est dit à travers la forêt, en marchant dedans, sur le chemin, comme à l’accoutumée cette idée survint. « Est-elle bonne, est-elle mauvaise, je n’en sais rien ? Quelle volonté aurais-je à promouvoir ce principe, quelle force y trouverais-je pour survivre encore un peu ? » se dit le passant dans la forêt, celui qui émet ces quelques paroles, sensées ou non, qui sait ? Est-ce trop tard, est-ce trop tôt, est-ce illusoire ? il n’en sait rien, qui le sait, si l’on n’essaye pas ? Il suffira de convaincre ceux autour de soi pour que ce processus, ce principe, s’établisse dans un lieu quelconque adapté ou non, sur de petites surfaces ou des grandes, peu importe ! Résister à l’assaut du temps, aux mouvances qui arrivent et qui détruisent. « Reconstruire, survivre, s’adapter ! », voilà l’idée de tels jardins, d’une telle culture de plantes, des êtres au même titre que nous, qui nous sont les plus utiles, à l’avantage du ver de terre qui y trouverait tout son sou, toute sa teneur, non altérée par les herbicides, tout engrais chimique illusoire dans des terres qui ne les supportent pas (plus). Chaque jardin serait dans le reflet du lieu, de ce qu’il permet, de ce qu’il ne permet pas ; ces plantes ancestrales qui vivent là depuis longtemps, celles qui disparaissent, celles qui survivent et celles qui arrivent, qui s’adaptent, qui viennent du Sud…
Vous savez, le réchauffement apporte la venance de plantes qui s’adaptent ; trop chaud dans le sud, elles vont vers le nord de graines en graine, d’oiseau en oiseau, de déplacement en déplacement, par le vent, par les oiseaux, par tout le monde, elles vont peu à peu vers le nord.
« Ce processus est vieux, très ancien, c’est une adaptation, de tout temps cela s’est produit, comment faire autrement ? », se dit celui qui dit, marche, en ce moment, il se dit cela ; le « je » n’a pas d’importance, ce n’est pas « je » qui dit… c’est un vivant parmi d’autres vivants qui s’interrogent, le nommé n’est pas plus important, n’a aucune importance ; c’est l’idée portée qui peut s’avérer intéressante, qui… peut importe qui l’amène ; quelle gloire y trouvera-t-il, sinon de sa survie, un peu plus longtemps sur cette planète ? Voilà ce qui est dit ! Il refuse d’être nommé, celui-là ; non, mais… l’idée, peut-être que c’est une solution qui s’ajoute à d’autres, pour nous adapter et se souvenir que les plantes qui vivent autour de nous permettent de survivre, il n’est pas nécessaire de faire venir les plantes d’un autre continent, tout sur place nous permet d’exister, il suffit d’adapter les sols comme toujours, cela s’est fait, il n’y a que quelques décennies où une industrie financière agricole, à propager des cultures stériles et sans avenir…
Le promeneur a le soleil dans le dos. Il se retourne, il regarde le soleil, impassible, il s’imagine que celui-ci sourit à son idée. Il y a trouvé une émergence, le promeneur, une émergence au-dedans de sa tête qui lui dit « ah, tient, on pourrait survivre encore un peu, à travers ce principe… de faire des choses comme ça ? » Aurait-il la volonté d’aller jusqu’au bout de ce principe ? Mourir dans l’accomplissement de cette tâche jusqu’à la mort, cela se peut-il ? Il renonce à toute gloire, futile ! « futile », c’est le mot !
Non ! survivre est préférable ; survivre en accord avec ce qui le mène, ce qui le transporte, ce qui le déplace ; une idée du vivant en fait, qui s’ingénie au creux de sa tête et lui dit « oh, tu veux mourir, tu veux mourir, d’accord, mais tu peux survivre, en tentant certaines choses ! » Était-il au bord du suicide, celui-là ? Ah, personne ne le sait ! Et quand on n’a plus rien à faire, à quoi bon vivre, sinon s’occuper à d’autres affaires que celles préconisées précédemment, par quelques principes qui élaborèrent son train de vie, naguère ; et qui s’avère insuffisant aujourd’hui.
La parole est imparfaite, elle essaye de transmettre une sensation, ce qui vient au-dedans de la tête ; comment faire autrement, comment faire autrement ?