À un moment, cet instant où un animal à deux pattes, équipées d’une machine à photographier (à moins que ce soit pour des vidéogrammes ou des audiogrammes ?) ou d’un outil quelconque pour le dessin, l’image, figea cet événement (celui dans l’image, le photogramme, la sonorité, l’odeur, le geste, un mouvement, tout ce qui s’anime) dans une mémoire, chimique, argentique, numérique… qu’en fera-t-il de son fatras ? Éprouvera-t-il le besoin de l’exposer, le vendre, son cliché, son filmage, sa sonorité mémorisée, pour en vivre comme une rente ?

Parenthèse : La pose de Minette (à propos du © lié à cette image, elle répondrait « mais de quoi parlez-vous, de l’image que je laisse ou de mon miaou ? », de ce qu’elle nous laisse en effet, nous en usons sans lui demander son avis, sous prétexte qu’elle ne comprendrait pas la raison de notre « phynance » et de sa pompe, c’est-à-dire de l’usage pécuniaire comme la gloire d’avoir réalisé ce cliché de Minette… C’est comme ces films où l’on inclut l’histoire d’un quelconque animal, c’est rare qu’il soit cité dans le générique, encore moins remercié de sa patience). Alors, quand une Minette prend la pose pour qu’on la photographie, la première chose que l’on devrait faire, c’est de l’en remercier de sa présence et de ce qu’elle nous a laissé… après lui avoir demandé la permission en s’excusant gentiment (afin de rester humble et respectueux), même si au bout du compte, son avis n’est ni compris ni perçu, encore moins respecté… (phrase à méditer)

À moins que ce soit pour se remémorer cela sur un papier, l’instant du clic, comme une image volée… Mais l’image ne garde pas tout, elle oublie l’origine et le destin de ce qui fut figé : un paysage, un visage, l’envol de l’oiseau, le mouvement d’une araignée, celui du cachalot au moment de son rebond, la vague alerte d’un tsunami inconsistant, l’empreinte est bien faible, elle n’est pas suffisante, il manque l’essentiel ! Et puis, qu’en disent ceux que l’on mémorisa de la sorte ? La plupart du temps, ils ignorent cette trace que l’on fit d’eux ; de cet épisode fugace de leur vie, ils ne s’en souviennent peut-être plus, à moins que l’événement fût grave, sévère, une alerte, une guerre ? Cet instant-là, l’envol quotidien et banal de l’oiseau à la sortie de son nid, pour s’en aller trouver quelques mangeailles, qui se soucie de lui, le volatile figé sur l’image ?
C’est ainsi, toutes les mémoires sont fragmentées, partout, d’où qu’elles viennent, il y aura toujours mille regards à propos de l’objet d’un souvenir ; vous n’étiez pas le seul témoin de l’instant que vous tentez de reproduire avec votre image ! La multitude des vivants est ainsi faite, les perceptions sont multiples et chacun s’en accommode à sa manière sans forcément s’occuper de celle de l’autre, qu’elle soit meilleure ou moins bonne, au bout du compte qui s’en soucie aussi ?