forêt

230915-182106 - Durée : 1h13’31

Paroles du début :

De l’envers de l’endroit, au chemin, nous y revoilà !
À la pose des grandes chaleurs nous ne l’empruntâmes point, celui-ci, il faisait trop chaud, évidemment. Quand on y revient, tout semble au même endroit, les moucherons, toujours là, des tas de bois coupés naguère ; et puis quoi encore ? Toute cette forêt, asséchée, revigorée, ébruitée, l’avion qui passe par-dessus, les machines roulantes sur la grande route bitumineuse qui traverse la forêt, tout cela agace l’endroit.
On ne peut faire autrement, c’est toujours comme ça, il faut qu’ils ébruitent le monde, ces hommes-là !
Vous avez quelque chose contre eux ?
Mais eh eh, nous sommes insupportables !
Vous dites « nous » ?
Oui, au même titre que les autres… nos mœurs sont insupportables… pour les autres, les autres que nous !
Vous avez des preuves ?
Attention ! Il faut prouver ce que l’on amène, ce que l’on dit, on ne peut pas parler impunément sans éléments concrets à apporter ! Sinon c’est de l’ordre du mensonge, de la fausseté, de la mystification…
Ah ça ! Là-dessus aussi, on est très fort !
Ah ! la bardane est tout asséchée, les eupatoires aussi, les sangliers ont dévasté le milieu du chemin, là où il y avait de l’herbe et un peu de terre à grignoter.
La nature s’assèche, et le corps avait besoin de sa petite gambade ; régulière, elle devrait l’être. Le moucheron qui s’en vient, virevolte devant vous, vous dit « tien ? Un homme à sucer ! »… Eh, je l’écarte d’un geste vif de la main, il ne revient pas, je marche trop vite ; ou alors, subterfuge, il s’est mis derrière moi et virevolte au-dessus de ma tête sans que je le voie ; ils sont malins, parfois…
Vous disiez quoi à l’instant ? vous parliez du mensonge, je crois ?
C’est exact !
Quand vous affirmez ceci ou cela, il faut pouvoir le prouver ?
Eh, la preuve à ce que j’ai dit est facile à trouver, toutes les informations que l’on diffuse vont vous conforter dans mes maigres allégations, je n’ai pas à forcer le trait ; nous voyons bien que nous abusons un peu trop du milieu où l’on vit ; nos manières ne sont pas idéales, il n’y a pas de symbiose entre nous ! Et une forêt ? La symbiose est à côté, elle est partagée ; d’un côté les êtres multicellulaires que nous sommes qui exploitons ce milieu (lui) qui tente malgré tout de s’harmoniser en dehors de nous ; elle le fera toujours la forêt, le jour où notre espèce ne sera plus, elle sera plus tranquille probablement ? D’autres entités vivantes y parviendront, joueront de leurs effets, de leur évolution ; il y aura d’autres accaparements, autres que le nôtre, cela est fort probable ? Eh, à voir l’ampleur de notre propre drame, il n’y a pas de comparaison au nôtre, nous dévastons, c’est certain ! Oh, on peut positiver sur certains faits, sur certains attraits, c’est certain, mais globalement… globalement, il y a un déséquilibre difficile à compenser, nos abusons, nous transformons, nous nous agitons !
Eh, la matière s’agite, tout est vibration ! Et dans ce phénomène, où tout vibre, tout bouge, tout se transforme en dépensant une énergie systématique.
Rechargés à bloc, nous avançons dans la forêt, le ventre plein, trop plein ! Il faut qu’une marche use le corps, l’épuise pour vider cette surcharge ; voilà ce à quoi nous sommes soumis la plupart d’entre nous…
« Trouver la juste mesure, c’est cela le souci, en toutes choses… »
(ou plutôt « trouver la juste mesure en toutes choses, c’est cela le souci… »)

Transcription brute de la voix (texte non corrigé) : 230915-182106.rtf